Sa famille AFI

Claire avait choisi d’appartenir aussi à cette “famille” dès l’âge de 18 ans. Claire y est restée très attachée jusqu’à la fin de sa vie, tout en ayant vécu les impor­tantes trans­for­ma­tions de cette asso­ciation : initia­lement réservée aux jeunes femmes céli­ba­taires surtout dans un esprit de service à l’Eglise, aujourd’hui des hommes et des couples en font également partie dans une optique d’engagement pour la justice sociale, dans un esprit universel et en respectant les valeurs propres à chaque peuple.

La première qu’il faut citer dans cette “famille” c’est Yvonne Poncelet, première prési­dente des AFI (ALM en ce temps-là) qui avait accom­pagné Claire lors de son premier voyage en Inde. Même si elle disparut préma­tu­rément (en 1955 dans un accident d’avion), elle occupa une place impor­tante dans l’engagement de Claire, qui l’appelait volon­tiers “mon gourou”.

Claire se souvient d’Yvonne (1980)

Lorsque Claire est arrivée en Inde (1954), elle a été très rapi­dement rejointe par Simone Liégeois et Hélène Eenberg. Si cette dernière quitta déjà l’Inde en 1956, Simone accom­pagna Claire dans son travail à Polambakkam jusqu’en 1966. Elle travailla ensuite, depuis Delhi, pour la Voluntary Health Association of India et fut élue prési­dente de l’Association des infir­mières catho­liques (en Inde). C’est dans le cadre de ces deux fonctions qu’elle fut amenée à voyager à travers toute l’Inde, visitant les villages les plus reculés pour accom­pagner et évaluer diffé­rents projets médicaux, dispensant des forma­tions en santé commu­nau­taire à des centaines d’infirmières, reli­gieuses et laïques. Après un retour en Belgique pour soigner un cancer du sein (1982 – 1984), elle travailla de nouveau avec Claire en Inde pendant 3 ans pour la mise en place de nouveaux projets lèpre dans le Nord, financés par la Fondation Damien, avant de se fixer défi­ni­ti­vement en Belgique. Simone resta donc toujours très proche de Claire et de l’Inde, même si sur certains points, elles ne parta­geaient pas toujours les mêmes opinions.

Claire et Nalini se souviennent de Simone (2011)

Par la suite, de nombreuses AFI vinrent travailler à Polambakkam et “firent équipe” avec Claire. Nous laissons ici à Claire le soin d’en parler, et d’évoquer aussi les diffi­cultés de la vie en équipe.

Claire évoque l’équipe des AFI à Polambakkam (2011)

En 1973, lors d’une assemblée générale des AFI, l’association vécut d’importantes modi­fi­ca­tions qui créèrent une certaine incer­titude au sein du groupe d’AFI de l’Inde. Certaines mirent fin à leur adhésion à l’association, d’autres retour­nèrent dans leur pays natal, et l’équipe Inde se donna deux ans de réflexion. En 1975, Simone Liégeois (qui était toujours belge et envi­sa­geait sa fin de vie en Belgique) se rattacha à l’équipe Prisme en Belgique, tandis que Claire se rattacha à l’équipe du Proche-Orient (Palestine, Egypte, Liban). C’est en parti­cipant à plusieurs réunions AFI à Ramallah et en Egypte que Claire renoua une profonde amitié avec Geo Wilmet (prési­dente des AFI, qui avait succédé à Yvonne) et Huguette Boullé qui avait déjà rendu visite à Claire à Polambakkam en 1958. Fin 1995, lorsque Geo dut rentrer en Belgique pour raison médicale, Huguette et Claire déci­dèrent de rentrer avec elle en Belgique. Elles s’installèrent à trois dans un appar­tement à Bruxelles, et Huguette et Claire prirent soin de Geo jusqu’à son décès en 1996. Comme indienne, Claire ne disposait que d’un visa touris­tique de 3 mois, et pour prolonger son séjour en Belgique — afin de pouvoir rester auprès de Geo — on lui conseilla de rede­mander sa natio­nalité belge; ce qu’elle n’obtint fina­lement qu’en janvier 1998, après le décès de Geo et alors qu’elle était déjà retournée en Inde.

Au décès de Geo, Huguette décida de rentrer dans son pays natal, l’Ile Maurice, mais Claire et elle conti­nuèrent à partager une profonde amitié, par corres­pon­dance, cassettes audio et télé­phones (!) mais aussi plusieurs visites de Claire à l’Ile Maurice. En 2006, Huguette eut encore la force de revenir en Belgique pour fêter les 80 ans de Claire avec toute sa famille, mais ensuite ce fut Claire qui lui rendit visite presque chaque année, jusqu’en 2011.

Huguette rappelle briè­vement son amitié avec Claire (2013)

Claire développa aussi une profonde amitié avec une autre AFI, Nalini Nayak. De natio­nalité indienne, elle travailla surtout au Kerala avec les pêcheurs arti­sanaux et avec les mouve­ments de femmes, mais tout au long de la vie de Claire en Inde, elle resta une amie à laquelle Claire aimait se confier, même si leurs occu­pa­tions respec­tives les empê­chaient de se rencontrer aussi souvent qu’elles le souhai­taient. Nous évoquerons cette amitié dans la “famille indienne” de Claire.

Tant qu’elle avait des respon­sa­bi­lités profes­sion­nelles, Claire ne voyagea pas tellement dans le monde, si ce n’est pour certains voyages profes­sionnels (consul­tances pour la lèpre en Asie, Congrès inter­na­tionaux de la lèpre) et quelques congés en Belgique. Lorsqu’elle remit ses fonctions de “secré­taire de la Fondation Damien” en 1992, elle estima qu’à 66 ans, elle pouvait “prendre sa pension” et elle en profita pour voyager davantage. Son premier voyage fut pour rencontrer des AFI : un long séjour d’abord en Egypte et Palestine (2 mois) et elle s’envola ensuite vers Chicago et Washington pour rencontrer plusieurs AFI (ou anciennes AFI ?) pendant plus d’un mois. Plus tard, en 2006, elle profita d’une invi­tation de son neveu Hubert à lui rendre visite au Japon, pour visiter les AFI au Japon, à Taiwan et en Corée.

Claire : Des joies d’un voyage dans l’Asie de l’Est (2006)

Avant de laisser la parole aux AFI elles-mêmes qui ont voulu témoigner des liens qui les unis­saient à Claire, nous voulons évoquer ici Béatrice Colling et Peggy Siret qui vécurent avec elle au home St Joseph des Petites Soeurs des Pauvres à Bruxelles. Leur présence fut une des raisons pour lesquelles Claire choisit de s’installer dans ce home. Le départ de Béatrice seulement un an après l’arrivée de Claire affecta Claire, mais Peggy continua à l’accompagner jusqu’à ses derniers jours et à la soutenir dans ses efforts pour surmonter les moments de découragement.

Nous avons évoqué ici les noms des AFI que nous avons direc­tement connues, ou avec lesquelles nous avons travaillé, ou encore dont Claire nous a le plus parlé. Que toutes celles et tous ceux qui ont vécu des moments impor­tants avec Claire n’hésitent pas à nous aider à réparer ces oublis. Voici les témoi­gnages reçus au moment des funé­railles de Claire. Voir aussi le témoi­gnage de Marie-Odile et de Bie lu aux funé­railles le 26-09-2013 (voir A-Dieu à Claire).

Témoignages de l’Unité Proche-Orient (2013)
Témoignage de Els Van Hoecke, Unité Andina (2013)
Témoignage de Agnese & Tarcisio Alessandrini (2013)